La Ligue doit sa crédibilité à la légalité de ses décisions

Pierre Semengue, président de la Ligue de football professionnel du Cameroun revient sur la crise au sein du Tonnerre Kalara Club de Yaoundé.

Comment en est-on arrivé à cette situation de bicéphalisme au sein du Tonnerre Kalara club de Yaoundé ?

- Au moment de l’affiliation du club, la commission juridique de la Ligue n’était pas encore constituée. Aussi, nous avons demandé à la Fédération camerounaise de football son avis sur les deux assemblées générales tenues, pour savoir laquelle était légitime. Elle s’est prononcée sur la deuxième, celle organisée qui a élu Emile Onambélé Zibi. Ça nous a étonnés car il y avait des irrégularités visibles. Plus tard, notre commission juridique a légitimé la première, qui a élu Achille Essomba Many. Nous avons établi un comité had-hoc pour mener une conciliation entre les deux parties. Celle-ci a échoué.

Mais on vous reproche d’être partisan, votre fils dirige la SAOS du camp Essomba Many justement…

- J’ai été président du Tonnerre durant une quinzaine d’années. J’ai quitté le club depuis longtemps et promis ne plus y mettre les pieds pour des raisons personnelles. Mon fils est majeur, il est libre de ses choix.

Qu’en est-il de la position du conseil d’administration de la Ligue, en faveur du camp Onambélé Zibi plutôt ?

- Il s’est en effet prononcé en sa faveur, mais j’ai refusé de signer ce procès-verbal car c’était illégal. Si le conseil d’administration me demande de vous tuer, devrais-je le faire parce qu’il le demande ? La Chambre de conciliation et d’arbitrage du Comité national olympique et sportif, qui est en quelque sorte la Cour suprême des litiges sportif au Cameroun, a donné raison à Essomba Many. Pourquoi devrais-je aller à l’encontre de cette décision de justice ? L’assemblée qui a élu Onambélé Zibi présente des irrégularités. L’huissier qui l’a entériné est incarcéré en prison. Il ne peut exercer. La liste des participants comporte des incohérences. Le délai de convocation n’a pas été respecté, le lieu a été changé, etc. Voilà pourquoi nous avons affilié le camp Essomba Many. Nous ne savons pas comment son adversaire a procédé pour obtenir les licences, car c’est la Ligue qui valide les clubs devant participer au championnat, puis transmet les dossiers à la fédération pour établissement des licences. Et nous n’avons pas transmis de dossier concernant Tonnerre.

N’est-ce pas un nouveau front de discorde qui s’ouvre avec la fédération ?

- Il ne s’agit pas d’une rébellion contre la Fecafoot qui est notre tutelle. Mais cela n’est pas synonyme de subordination. La Ligue une institution nouvelle qui doit sa crédibilité à la légalité et la transparence de ses décisions. La décision de suspendre les arbitres est injuste. Il s’agit d’une intrusion de la fédération. Elle a sans doute été mal informée. C’est la Ligue qui organise les championnats. La Fecafoot met à sa disposition des officiels, qui sont désignés pour les matchs par la commission d’arbitrage de la Ligue. Ces arbitres n’ont pas commis de faute.

Et concernant les incidents du match de dimanche entre Tonnerre et Botafogo ?

- Nous n’avons pas compris pourquoi le match ne devait pas se jouer. J’ai demandé que le match ait lieu afin que l’on constate les atteintes à l’ordre public. En dehors du retard pour le coup d’envoi, il n’y a pas eu d’incident. Il ne s’agissait pas d’outrepasser les recommandations du sous-préfet de Yaoundé III. De même l’arrêté préfectoral interdisant au Tonnerre de jouer à Yaoundé nous a étonnés. Nous pensons que le préfet a été induit en erreur et nous l’avons rencontré pour apporter des éclaircissements.